Et à la fin, ils meurent adapté au théâtre

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Gnangnan, les contes de fées ? Cucul, ces histoires pour endormir les enfants ? Détrompez-vous: avec leur lot d’amputations, meurtres, mutilations, cannibalisme et autres adultères, les versions originales ne sont pas à mettre entre toutes les mains ! Alors quand quatre personnages décident de prendre le contrôle du spectacle pour nous raconter la (sale) vérité sur les contes de fées, le résultat est un florilège de récits jubilatoires, irrévérencieux, crus et détonants de modernité !

Voici le texte de présentation de la pièce qui se joue jusqu'au 24 mai au théâtre de la Manufacture des Abbesses à Paris. Pendant près d'une heure environ, deux comédiens et deux comédiennes nous plongent dans le monde pas si merveilleux des contes. Le metteur en scène, Antoine Brin, arrive à condenser les nombreuses informations et à retranscrire l'humour de l'autrice Lou Lubie.

De la bande dessinée au théâtre, il n'y a qu'un pas !

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Humour & pédagogie

La troupe sur les planches de ce théâtre répond à une belle parité (ce qui n'est pas toujours le cas dans les histoires !). Deux femmes et deux hommes vont nous faire voyager au cœur de contes que l'on pensait bien connaître ou encore ceux de pays étrangers. Le dynamisme s'opère dès les premiers instants avec un contact direct avec le public. Le mur est brisé et l'on embarque dans leur folle aventure avec une pièce épurée, quelques costumes et un moment qui s'annonce riche en surprises.

Le mot d'ordre est la déconstruction. Tout ce que vous pensez savoir des fées, héros ou héroïnes est décrypté à la loupe. La mise en scène ne perd pas de temps, les comédiens et comédiennes excellent dans la rapidité d'exécution. Le contexte de chaque conte est expliqué et la mise en situation intervient pour mieux comprendre les ficelles de ses contes peu féeriques finalement. L'humour est bien entendu central et s'équilibre parfaitement aux différents changements d'histoires. C'est simple, on aimerait que ça dure plus longtemps.

Les moments humoristiques n'enlèvent rien à l'aspect pédagogique. Un point très important et qui est encore une fois maîtrisé ici. Il n'est pas aisé de condenser les nombreuses informations que nous donne Lou Lubie dans sa bande dessinée, publiée en 2021. En 248 pages, elle analyse avec finesse les contes ainsi que les hommes et femmes à l'écriture de ces derniers. Dans cette pièce, une sélection a été faite avec Cendrillon, La Petite Sirène ou encore le Petite Chaperon Rouge. Si ces récits sont connus, d'autres se découvrent comme La Pauvre Manchotte, ou le Chien et la Mer. Ce dernier est un conte queer de Pete Jordi Wood et qui a été malheureusement invisibilisé.  Cette pièce est donc ludique mais pas que, car elle permet d'en apprendre davantage sur les dessous d'histoires qui traversent le temps au fil de nos sociétés.

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Féminisme & politique

Oui, cette pièce est politique. Elle nous engage à mieux réfléchir sur notre rapport aux contes. À mieux comprendre d'où ils viennent. À mieux saisir leurs différents messages. Car un même conte écrit par l_es Frères Grimm ou Charles Perrault_, ne veut pas nécessairement dire la même chose. Leur écriture révèle leur position sociale et leur mentalité.

Et les femmes dans tout ça ? Car si les contes ne cessent de mettre en scène des personnages féminins, leur rôle est souvent symptomatique d'une misogynie qui remonte à la nuit des temps. En étant ouvertement féministe, le spectacle fait du bien et donne une toute autre visibilité à certaines héroïnes. Il est surtout porteuse d'espoir avec une belle ouverture sur le fait de créer nos propres contes, et de solidifier de nouvelles constructions sociales. 

Le sourire aux lèvres, on ressort avec une folle envie de lire ou de relire la BD ainsi qu'une curiosité sur d'autres contes dont on ne connaitrait pas encore tous les secrets.

Politique, queer, féministe, drôle et instructif, on ne peut que vous conseiller d'y aller entre ami.es ou en famille !

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