Il est des ouvrages qui vous saisissent comme des papillons libres ne voulant pas finir dans vos filets. Pourtant même si vous ne les attrapez pas, leur beauté, leur fugacité, leur légèreté vous touchent à cœur, vous cueillent et vous font ressentir des sentiments beaux et forts. La lecture de "Les Papillons ne meurent pas de vieillesse" m'a marqué de cette manière.
Cette lecture qui m'a semblé fugace et qui appelait à mon envie une suite est d'une rare beauté et m'a marqué de manière indélébile comme lorsqu'on voit pour la première un sublime papillon s'envoler alors que l'on aurait voulu l'observer plus longuement.
Pour vous expliquer ces sentiments parlons d'abord du dessin de Frédéric Bezian qui sera votre premier contact avec l'ouvrage. Son travail au noir et blanc toujours aussi énergique, grisé par une trame posée à la main et de parcimonieuses touches de couleurs appliqués sur les papillons est d'une intensité indéniable.
Son travail de découpage classique, entrecoupé de planches entomologiques vintage entièrement redessinées, sert un scénario développé avec l'intelligence du scénariste aguerri qu'est Matz.
Parlons donc dudit scénario développé par celui que l'on connait pour sa série "Le Tueur", l'homme est aguerri dans le milieu et il livre ici un récit qu'il porte en lui depuis de nombreuses années (en Lépidoptériste passionné) et derrière cette quête du papillon censé être disparu, il nous parle de déforestation, de violence armée subie par les défenseurs de la nature, d'intérêt économique déviant, de cynisme inhumain, d'extinction des espèces mais aussi de soulèvement, d'espoir et de courage dans un thriller écologique haletant. La rythmique du récit est mozartienne; en un souffle on arrive à la fin, on en veut plus et pourtant le récit lu était dense, riche, intense et il ne nous reste plus que le souvenir ému d'avoir vécu un moment hors du temps, voluptueux.

Plongez en plein coeur de la forêt amazonienne, pour une quête ultime. A la clef, un ensemble de paradoxes : entre malversations et violence, vous effleurez aussi toute la beauté sauvage que peut offrir le territoire.

Si le scénario de Matz met à l'honneur cette corruption, le dessin et – particulièrement – la colorisation de Bézian insiste sur la magnificence de l'éphémère.

Histoire complète.