Une enquête de l’inspecteur Valverde. C’est le sous-titre de Caballero bueno. Est-ce à dire que nous retrouverons le policier chilien dans un autre livre ? Une hypothèse tout à fait souhaitable dans la mesure où l’on tient là un personnage charismatique qui, en dépit la réputation de fin limier qui le précède et oriente l’idée qu’on peut se faire de lui vers celle d’un être d’une irréprochable perfection, se révèle vulnérable, soumis à la tentation. Or les faiblesses soulignent la valeur des vivants et l’hédoniste Valverde n’échappe pas à la règle. Voilà pourquoi on l’apprécie. Au reste, chacun des protagonistes de ce huis clos cantonné aux limites de l’Île de Pâques et à l’atmosphère à la fois pesante (la mort d’un homme, la maladie, l’omerta) et fraîche (les averses du printemps austral, la légèreté des conversations), connaît ses propres failles…

Le dessin précis, les aplats des couleurs de Thomas Gilbert accompagnent au mieux les dialogues inspirés de Thomas Lavachery et vice versa. 160 pages sont nécessaires à Valverde pour mener son enquête et aboutir à cette issue splendide dont on vous laissera la surprise de la révélation face au coucher de soleil de Rapa Nui, comme si vous étiez Miss Burnett ou le docteur Giraldo.160 pages rigoureuses dans leur découpage, dans l’approche psychologique des intervenants, dans la gestion du rythme océanique des séquences, tantôt emportées par les vagues des marées hautes, tantôt dans le repos du reflux. 160 pages de plaisir bandessinesque !

Début des années 30, Île de Pâques, le truculent inspecteur Valverde débarque pour enquêter sur le meutre d’Anthony Wilcox, administrateur d’une compagnie anglaise qui exploite une partie de l'île, bien que cette dernière soit gouvernée par le Chili.

Mandaté par le président Chilien, l’inspecteur va devoir investiguer auprès d’une galerie de personnages très intéressante, médecin, gouverneur, archéologues… et les Rapa nui (autochtones) qui sont forcément les coupables désignés dans cette affaire.

Dans un climat changeant, au milieu des fameuses statues et des volcans, le beau graphisme de Thomas Gilbert (Les filles de salem, La voie des bêtes) apporte un touche sombre et expressive, qui colle parfaitement au récit prenant de Thomas Lavachery

Un cluedo à ciel couvert à dévorer !

Loin de l'image de carte postale, l'inspecteur Chilien, Guillermo Valverde, pose les pieds sur une île de Pâques grisâtre et boueuse. Le gouverneur de l'archipel ne connaît pas les bonnes manières, il propose à Valverde de repartir illico presto, car le meurtrier a déjà été découvert. Suspicieux de ce coupable un peu trop parfait et pas impressionnable l'enquêteur envoyé à la demande du roi Chilien va reprendre à zéro les investigations sur la mort d' Anthony Wilcox, membre de la compagnie anglaise, ayant été sauvagement assassiné quelques semaines plus tôt... 

D'une histoire d'un illustre aïeul, Thomas Lavachery fonde un magnifique huis clos ou tout le monde est coupable. La restitution de l'ile de Pâques au début du XXe siècle est magnifiquement restitué par Thomas Gilbert (Salem) qui offre de magnifique allure à ses potentiels suspects.

Bref, nul doute que nous retrouvons sur une autre enquête cet inspecteur perspicace, personnage haut en couleur à l'image d'un Hercule Poirot.